Cancer : comment réduire les effets secondaires des traitements ?
La chimiothérapie et la radiothérapie ont fait d’énormes progrès, mais elles restent une source possible d’effets indésirables.
Les pharmaciens Giropharm vous conseillent pour les limiter, voire les éviter.
Nausées et vomissements
La chimiothérapie en entraîne souvent, mais pas toujours ! Ils peuvent survenir pendant ou après la perfusion, dans un délai de 48 à 72 heures maximum. Pour les réduire, le médecin prescrit très souvent des médicaments puissants.
Les astuces qui font du bien :
- Faire plusieurs petits repas dans la journée, plutôt que deux ou trois trop importants et manger ce qui fait envie (sucré ou salé), mais toujours lentement.
- Consommer les aliments froids ou tièdes, moins odorants que les aliments chauds.
- Ne pas boire pendant les repas, mais à distance, et opter pour des boissons fraîches (thé glacé, jus de pomme, boisson gazeuse…).
- Éviter les aliments difficiles à digérer (frits, épicés ou en sauce) et ceux qui dégagent une odeur forte.
- En cas de vomissements, attendre une à deux heures avant de manger. Boire fréquemment, de petites quantités.
- Consommer des plats prêts à l’emploi ou des aliments pour bébé si préparer le repas est trop écoeurant.
- Rester si possible en position assise ou demi-assise (s’appuyer sur trois oreillers) pendant les 30 minutes qui suivent le repas.
- Bonbons, chocolats… Si l’envie vous en prend, optez pour de petits plaisirs gourmands, avec modération.
Peau sèche, rougeurs, démangeaisons
La radiothérapie peut provoquer, à distance des séances, une réaction de la peau semblable à un coup de soleil. Certaines chimiothérapies peuvent également entraîner des rougeurs et un dessèchement de la peau, ou encore un « syndrome main-pied », qui se manifeste, sur la paume des mains et la plante des pieds, par des plaques rouges, puis par des crevasses, une sécheresse intense et un épaississement de la peau. Dans toutes ces situations, le médecin peut prescrire des médicaments par voie générale et des soins locaux.
Les astuces qui font du bien :
- Opter pour des vêtements larges et doux en coton ou en soie
- Se laver avec un pain ou un gel douche surgras sans savon, et éviter les douches ou les bains trop chauds
- Bien hydrater sa peau avec une crème émolliente
- Avant une séance de radiothérapie, ne pas mettre sur la zone traitée de produits alcoolisés (parfum, déodorant…) ni de crèmes grasses. Après la séance, et si le radiothérapeute a donné son accord, appliquer une crème hydratante sur la peau irradiée
- Utiliser des produits de maquillage pour peau sensible, sans parfum et hypoallergéniques
- Pendant un traitement par radiothérapie, ne pas savonner la zone irradiée, la sécher en tamponnant avec un linge doux
- En cas de syndrome main-pied, choisir des chaussures souples et confortables. Éviter de porter des gants, des chaussettes serrées et des bagues étroites. Faire sa toilette avec un pain surgras et appliquer fréquemment une crème hydratante
- Protéger son épiderme des rayons UV (crème solaire d’indice 50+) pendant la durée du traitement. S’il s’agit d’une radiothérapie, ne pas exposer la peau irradiée au soleil pendant l’année qui suit la fin des séances
Chute de cheveux
Redouté, cet effet secondaire est fréquent avec certaines chimiothérapies. Souvent progressive, et pas toujours totale, la perte des cheveux débute en général deux à trois semaines après la première cure. La repousse s’amorcera six à huit semaines après la fin du traitement. La chute des cils, sourcils et autres poils du corps est plus rare. Avec la radiothérapie, la perte des cheveux ou des poils ne survient que dans la région traitée.
Les astuces qui font du bien :
- Avant le début de la chimiothérapie, se couper les cheveux courts pour retarder (de quelques jours) leur chute, mais aussi pour se préparer au changement à venir
- Se brosser ensuite les cheveux avec douceur et éviter les soins agressifs (couleurs, brushing…), le sèche-cheveux, le fer à lisser, les élastiques, barrettes et pinces. Utiliser un shampooing doux
- Pour réduire (voire éviter) la chute de cheveux, certains services hospitaliers peuvent proposerun casque réfrigérant. Il s’agit d’un bonnet glacé posé avant le début de la séance de chimiothérapie, et retiré après. Sur le même principe, l’application sur les yeux de glace entourée d’un tissu pendant les séances limite la chute des cils et sourcils
- Lorsque les cheveux commencent à repousser, éviter les colorations, les brushings et le défrisage pendant six mois
Diarrhées
Certains médicaments de chimiothérapie peuvent accélérer le transit intestinal, de même qu’une radiothérapie du ventre ou du bassin. En prévention, le médecin prescrit au besoin un traitement antidiarrhéique.
Les astuces qui font du bien
- Boire au moins deux litres par jour de boissons non gazeuses (eau plate, bouillon, soupe…), ni trop chaudes ni très froides, à température ambiante
- Multiplier les petits repas dans la journée en privilégiant le riz blanc, les carottes cuites, les bananes bien mûres, les pâtes (non complètes), la gelée de coing, la compote de pommes, la semoule, le pain blanc, les biscottes et la volaille. Éviter les légumes crus, les fruits frais, le lait et les laitages, le café, les aliments épicés, les sauces et les fritures, les légumes secs ou riches en fibres (poireaux, choux…) et les aliments complets (pâtes, riz, pain)
Difficultés pour avaler
La radiothérapie de la tête ou du cou et la chimiothérapie provoquent parfois une irritation de la muqueuse de l’intérieur de la bouche (mucite ou stomatite). Elle se manifeste par une sensation de sécheresse ou de brûlure, des douleurs et parfois de petites ulcérations. Si nécessaire, le médecin prescrit des bains de bouche et des médicaments (anti-douleur, anti-inflammatoire, anesthésique local…).
Les astuces qui font du bien :
- Se brosser les dents après chaque repas avec une brosse très souple, non électrique
- En cas de bouche sèche, sucer de la glace pilée, un glaçon, une glace à l’eau ou encore un bonbon
- Boire beaucoup et privilégier les aliments moelleux ou mixés (consistance lisse) consommés tièdes ou froids
- Éviter les fruits à coque et le gruyère, qui favorisent l’apparition des aphtes, les bains de bouche à base d’alcool, le tabac, les boissons alcoolisées et les aliments épicés, acides, secs ou durs
Ongles fragiles et cassants
Au moment des séances ou plusieurs mois après, une chimiothérapie fragilise parfois les ongles des mains et des pieds. En pratique ? Ils poussent plus lentement, deviennent striés, se dédoublent, se pigmentent ou se décolorent… et parfois tombent. Pour limiter ce risque, l’équipe soignante peut proposer le port de moufles et de chaussettes réfrigérantes.
Les astuces qui font du bien :
- Protéger ses mains par des gants en hiver et opter pour des chaussures confortables. Porter également des gants de coton pour le jardinage et le ménage
- Appliquer souvent une crème de soin hydratante sur les mains et les pieds
- Se couper les ongles courts
- La veille du début de la chimiothérapie, appliquer sur les ongles des pieds et des mains deux couches de vernis au silicium (en pharmacie), deux couches de vernis opaque foncé ou anti-UV non nacré, jusqu’à la fin du traitement. Lorsque le vernis s’écaille, utiliser un dissolvant sans acétone pour le retirer et renouveler sa pose
Sources : INCa, Oncomip, Afsos, Ligue contre le cancer, Association Rose, Fondation québécoise du cancer
Quelle place pour les médecines alternatives et complémentaires ?
L’homéopathie, l’acupuncture, l’hypnose ou la phytothérapie peuvent aider à surmonter les effets indésirables du traitement. Les hôpitaux sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à proposer des consultations dédiées. Une précaution indispensable consiste à toujours en parler à son médecin traitant et à son cancérologue, car la pratique choisie s’avère parfois contre-productive, voire dangereuse, à l’exemple de certains régimes ou compléments alimentaires. De même, le jeûne dit « thérapeutique » n’a pas démontré de façon formelle son efficacité dans l’espèce humaine. Enfin, aucune médecine douce ne saurait se substituer au traitement du cancer par chirurgie, médicaments et/ou radiothérapie. Un « thérapeute » qui en exigerait l’arrêt est hautement suspect de charlatanisme !
Sources : Inserm, AP-HP